Approche du Talmud

A LA GLOIRE ET SOUS LA PROTECTION DU TRES HAUT

 

APPROCHE DU TALMUD LE TALMUD

 

Le Talmud est un recueil monumental de 62 traités répartis en douze volumes ; c’est l’ensemble du code de vie pour le peuple Juif. Il peut se définir comme le commentaire exégétique des principes juridiques des textes du pentateuque (les cinq livres de la Torah. Exode 24-12 : « D.ieu dit à Moïse "Monte vers Moi, sur la montagne et demeures-y, que je te remette les Tables de la Loi, et les Commandements, que j’ai écrites, pour leur instruction’’ »

Pourquoi ce texte est-il écrit ainsi ? Le savant Levi dit : « Le savant Hana a dit que le savant Zimeon lui a dit : "Parce que les ‘"Tables de pierre’’ ce sont les 10 commandements, La Torah c’est ce qui est écrit, Les règles c’est la Michna, que j’ai écrites c’est les Prophètes et les Hagiographes, "pour leur instruction" c’est la Guemara »

Formulé autrement, la Torah c’est la Torah écrite, les Commandements ce sont les Mitzvoth, et la manière de les appliquer c’est la Torah orale. Les commandements sont la Torah orale.

Quant aux explications des commentaires qui n’étaient pas écrits, il les communique aux Anciens et à Josué. C’est pour cela qu’on l’a appelé la "Torah qui est par la bouche", qui est la Torah orale.

 

UN PEU D’HISTOIRE

 

Début avec Ezra le Scribe de Babylone, jusqu’au 6ème siècle un travail ininterrompu, c’est le miroir fidèle des mœurs, des institutions, des connaissances du peuple juif en exil à Babylone.

Que connaît-on généralement de ce livre ? Le nom tout au plus : TALMUD !

Jusqu’à aujourd’hui, ce nom, Talmud (Talmoud) a le don de passionner les esprits et de soulever d’âpres luttes, la plus part des savants chrétiens voyaient dans le Talmud une monstruosité, une œuvre diabolique. Pour les chrétiens, surtout en France, il fallait le bruler.

 

PRINCIPALES DATES DES PERSECUTIONS

 

  • 553 Justinien empereur Romain en interdit l’enseignement.
  • 712 Les Visigoths en Espagne en interdisent la lecture aux nouveaux convertis.
  • 1239 Condamnation par le Pape Grégoire IX.
  • 1242 Condamnation par le Pape Innocent IV.
  • 1244 Brulé à Paris en Place de Grève.
  • 1263 Autodafé en Espagne. ƒy 1270 Autodafé en Italie.
  • 1299 Philippe IV, nouvel autodafé à Paris.
  • 1319 Bernard Gui l’inquisiteur fait brûler tous les livres hébreux.
  • 1329 Condamnation par le Pape Jean XXII.
  • 1409 Condamnation par le Pape Alexandre V.
  • 1413 Brulé à Tortosa en Catalogne.
  • 1553 A Rome, Bologne, Ravenne, Ferrare, Mantoue, Florence, Venise, ON BRÛLE !
  • 1564 Le Pape Pie IV ordonne la confiscation des livres hébreux.
  • 1565 Le même Pape ordonne d’enlever le mot Talmud.
  • 1757 On brûle le Talmud à Kaminets-Podolsq et en Catalogne : le jour de la Saint-Jean d’été. Grands feux sur les places.

 

POUR EN REVENIR AU TEXTE

 

Deux éléments sont constitutifs de cet ouvrage monumental. La Halakha et la Haggadah – Je reviendrai sur des deux formes.

Comment se présente une page Talmudique : 

  • Un texte central en caractères hébraïques carrés,
  • Deux bandes étroites à gauche et à droite,
  • Deux marges plus larges en haut et en bas en caractères rabbiniques sans ponctuation,

 

Le cadre est l’œuvre des glossateurs du Moyen-âge.

La partie encadrée centrale forme le texte talmudique.

 

Le Talmud ainsi constitué se compose de deux parties distinctes :

La Michna, qui est un recueil de lois et décisions de toute la législation civile et religieuse. C’est le code Juif. Écrit en hébreu avec influences chaldéenne, latine et surtout grecque, dans un style simple, concis, semblant parfois obscure à force de concision.

La Guemara est la partie encadrant le texte de la Michna. C’est le commentaire perpétuel du texte.

L’une est l’œuvre des écoles palestiniennes de Tibériade : « la Guemara de Jérusalem », l’autre la Guemara de Babylonie est improprement appelée « Talmud de Babylone » face au « Talmud de Palestine » (plus petit, moins étudié) ou « Talmud de Jérusalem » dont nous ne possédons qu’une copie manuscrite qui a servi à l’édition princeps et rien d’autre. Quant au Talmud de Babylone, nous en possédons plusieurs manuscrits souvent fragmentaires.

La langue de la Michna est l’hébreu.

La Langue de la Guemara se rapproche plus de l’araméen, langue vernaculaire plus accessible pour les juifs de l’époque.

Ce qui fait qu’une même page peut contenir trois ou quatre langues différentes, et à des périodes différentes de leur évolution. Ce qui frappe le plus le néophyte que je suis, c’est l’étendue du commentaire de la Guemara. Pour 4 à 5 lignes de Michna, nous pouvons trouver jusqu’à vingt, voir trente feuillet de Guemara. Par exemple : on cite l’opinion d’un docteur de la Loi et on en perd le fil pour citer toutes les opinions qui portent le nom de cet auteur. Et, au détour du chemin, l’opinion sur ce point réapparaît, le fil est renoué, et l’ explication va reprendre son cours.

Deux puissants courants sur une même page :

- L’un jaillit du cerveau, c’est la Loi. Véritable prose qui suppose l’exercice de toutes les facultés intellectuelles pour l’argumentation, la recherche, les comparaisons.

- L’autre jaillit du cœur, c’est la poésie de la Loi. Poésie qui procède du royaume de la fantaisie, de l’imagination, de l’humour.

Donc le premier courant c’est la Halakha, la règle, le « norma », les prescriptions légales.

Le second courant c’est la Haggada, c’est la légende, c’est la saga, c’est le domaine du « on dit », affirmation sans autorité unique, mais plurielle.

 

PRECISONS CES DEUX TERMES

 

La Halakha c’est la Loi dans toute son autorité, elle constitue le dogme, le culte. Ce n’est pas un texte d’origine, mais plutôt l’ensemble des discussions des docteurs qui aboutit à l’établissement de ces lois. L’esprit lucide du Français aurait peine à se faire à ces discussions qui se sont poursuivies à travers les dédales sans fin du plus subtil raisonnement. Il faut posséder absolument l’esprit oriental pour avoir cette imagination qui emporte la pensée au-delà des bornes de notre logique occidentale et cartésienne. Il faut s’habituer à ce raffinement du raisonnement, jusqu’à l’extrême, jusqu’à perdre le sentiment de la réalité. On comprend mieux qu’un tel livre ait influé sur l’intelligence d’une nation qui en a fait « son Livre d’études journalières ».

Dès l’âge de 10 ans jusqu’à la fin de sa vie.

Le raisonnement était rigueur, la pensée était la logique : la Halakha c’est le raisonnement logique.

 

Donc le Talmud est immense, et je le rapprocherai du mot «encyclopédie» qui lui me paraît si restreint.

C’est une encyclopédie avec des notions sur toutes les connaissances de l’époque, pour garder trace, pour garder souvenir. Les docteurs de la Loi sont amenés à parler de toutes les connaissances de l’époque pour aider à la fixation de la Halakha. Prenons un simple exemple : le shabbat le jour du repos. « Il est interdit en ce jour de sortir au-delà de deux mille pas autour de sa demeure ». Notion simple en apparence : c’est la séparation entre le domaine public et le domaine privé. Mais pour déterminer cette circonférence il fallait intégrer : les accidents du sol, les vallées, les montagnes, les cours d’eau …. Il fallait certes avoir des notions géométriques mais plus encore des notions de géodésie. Nous parlerions aujourd’hui d’image en trois dimensions ! ! !

 

Un mot de l’enseignement : Dans chaque localité juive il existe une maison d’étude « beth ha midrach ». Chaque élève ou disciple recevait au départ un point particulier de doctrine talmudique (la Halakha) à étudier le jour de l’examen. Pas réellement un examen, mais une discussion. Le Maître interroge l’élève et par une série de questions habilement posées l’amène à trouver par lui-même les réponse.

Ce n’est pas un enseignement mais bien une conversation entre maître et disciple. Chez les grecs on aurait parlé de maïeutique. Les disciples allaient à leur tour plus loin répandre la doctrine du maître. D’où dans le Talmud : « Un tel dit au nom d’un tel, qui l’a reçu d’un tel auparavant etc, etc. Et ainsi la Loi est-elle fixée alors par la réunion de ces maîtres ou la réunion du Sanhedrin. Le dernier Sanhedrin a été réuni en France à la demande de Napoléon pour le projet de la rédaction de notre Code Civil. Et si quelques fois deux opinions sont opposées le plus souvent ils laissent la question en suspens. Il faut ensuite reprendre les argumentations, achever les discussions commencées, trancher d’une manière définitive, mettre partout ordre et lumière : c’est l’œuvre de la Guemara. La Guemara dans la partie halakhique est un vrai dialogue, avec un style très particulier : tantôt sec et concis, tantôt plus diffus avec des formules très spéciales.

Exemple : minalan (en grec : undenobis) quel est l’origine de cette décision de la Michna ? Michna signifiant répétition, seconde loi et par extension : étude, leçon.

Autre exemple : Rachi de Troyes en Champagne qui utilise les mots du vieux Français dans son texte pour expliquer sa pensée.

Donc difficultés de déchiffrer le texte, d’où la tradition de le transmettre de génération en génération, si cette tradition se perdait il serait impossible de la retrouver.

Autre exemple, l’étude par couple « zoughoth ».

Le couple le plus célèbre c’est les docteurs Shammaï et Hillel, si célèbres que les successeurs en gardent le titre : les maisons d’Hillel dans les campus américains accueillent aujourd’hui les jeunes universitaires juifs et non juifs.

 

LA HAGGADA : SEGOND GRAND CHAPITRE

 

La définition acceptée aujourd’hui par les docteurs de la Loi c’est : « tout ce qui dans la Talmud n’appartient pas à la discussion légale, et ne concours pas à l’explication de la Halakha (la Loi) », c’est le domaine de la Haggada. On y trouve l’histoire réelle de ces temps anciens avec des notions sur les sciences dites exactes : les mathématiques, l’astronomie, la physique, la médecine, la biologie. Immense champ que la Haggada où se développe librement l’esprit oriental dans toute sa richesse, dans toute sa plénitude. Dans la Haggada on retrouve les idées et les croyances du monde juif et aussi du monde extrême oriental, et en germe la religion de Jésus et de ses apôtres.

Toute la pensée humaine s’y manifeste, mais dans un amas confus de richesses, de trésors, qu’il reste encore à découvrir pour les chercheurs actuels. Et là on peut entrer dans le détail pour découvrir aussi les erreurs.

Exemple : le rapport de la circonférence au diamètre est de 3 à 1, erreur, car déjà Archimède 5 siècles auparavant avait trouvé le rapport exact : de 22/7.

Autre exemple : le mois lunaire, le Talmud le divise en 1080 parties soit 29 jours, 12 heures, 44 minutes, 3 secondes et 3/10ème, l’approximation n’est pas considérable car le calcul actuel du mois synodique : est de 29 jours 12 heures 44 minutes 2 secondes 8/10ème, donc une différence d’une demi seconde : pas si mal !

Autre exemple : en médecine, en anatomie, on disséquait déjà des animaux, des organes. On savait que le cerveau possédait une membrane supérieure et une membrane inférieure. On connaissait le cervelet dont les maladies pouvaient produire l’impuissance masculine, on connaissait la moelle épinière, prolongement du cervelet dont les lésions pouvaient entrainer la paralysie ou la mort. On connaissait le cœur avec ses deux ventricules, ses deux oreillettes, son enveloppe péricardique, les poumons, l’estomac, etc. On y trouve aussi des formules médicinales et surtout des leçons d’hygiène.

Autre exemple : en biologie, ils savaient que tout animal cornu a le sabot fendu. Ils savaient que la présence des écailles du poisson prouvait la présence des nageoires, ils savaient que le lait d’un animal « impur » ne caille jamais.

Autre exemple : de nombreuses formules pharmaceutiques et médicinales souvent empruntées à la tradition d’Hippocrate et la tradition de Galien. Ces formules ont été mélangées à la superstition populaire : des rognures d’ongle jetées à terre, malheur à la femme enceinte qui marcherait dessus. Ne pas boire l’eau la nuit car le démon Chabriri s’y logerait la nuit et il rendrait aveugle ceux qui boirait cette eau. Plus actuelle, cette superstition le fil rouge autour du poignet que même Madona a porté. Ainsi la Haggada n’est pas du tout l’histoire au sens moderne du terme, mais bien un mélange entre réalité et songe, un mélange entre rationalité occidentale et vision orientale.

En première conclusion : ce monument de 12 tomes, de 63 traités est le reflet d’un mode de vie, d’un mode de pensée, qui donne des clés à ceux qui s’y attachent dans son étude, en laissant le libre arbitre à chacun dans la crainte de Dieu. En abordant ce travail je pensais à tort faire œuvre didactique. Mais avec votre autorisation, je vous livre ici mes réflexions personnelles sur cette approche de l’œuvre des anciens de mon peuple. En tant que grand père, et avant en tant que père j’ai apprécié le : « révérer et non pas honorer ton père et ta mère » Lévitique 19,3. Aussi « l’amour des parents va à leurs enfants, mais l’amour des enfants va à leurs enfants » Sota 49,17.

Aussi « quand un père donne à son fils, les deux rient, mais quand le fils donne à son père les deux pleurent ».

Aussi « le père est obligé de circoncire sont fils, mais aussi de lui apprendre la Torah, de lui trouver une femme, et de lui apprendre un métier ». Kidouchim 29,4.

Et enfin de Hasdaï Crescas le Catalan « à 5 ans ton fils est ton maître, à 10 ans il est ton serviteur, à 15 ans il est ton sosie, et après ton ami ou ton ennemi selon la manière dont tu l’auras élevé ».

Mais je terminerai vraiment ! ! par ce que j’ai le moins aimé. « Ménager les coups de verges, c’est haïr son enfant, mais avoir soin de le corriger : c’est l’aimer ».

Aussi : « un homme qui aime son fils doit le fouetter souvent, car quand il sera grand, il sera une joie pour lui ».

Et non moins horrible : « si tu dois frapper ton enfant fais-le avec un lacet de soulier ». Car personne ne sait quelle descendance aura le mauvais fils ! Voilà, tout est dans le Talmud, encore faut-il l’approcher, d’où le titre de ce travail .



19/12/2010
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