La Guematria
A la Gloire et sous la protection du Très Haut
La Guematria
Préambule
Le récit de la Torah n’est que son vêtement :
Rabi Siméon a dit : « Malheur à l’homme qui dit que la Torah est un simple recueil d’histoires et d’affaires quotidiennes. Si c’était le cas, nous pourrions rédiger aujourd’hui une Torah à l’aide de mots courants et de meilleure facture. S’il s’agissait de mots courants, même les princes de ce monde ont en leur possession des livres de plus grande valeur et nous pourrions les suivre et rédiger une Torah semblable. Mais tous les mots de la Torah sont des mots suprêmes et des sublimes secrets.
Le récit de la Torah n’est que son vêtement.
Qu’expire l’esprit de celui qui considère que ce vêtement est la Torah même et non autre chose ! Qu’il n’ait pas part au monde qui vient !
Si la Torah, quand elle descend dans ce monde ne revêtait pas les habits de ce monde, celui-ci ne pourrait la supporter.
C’est en vue de cela que David a dit : « Dessille mes yeux pour que je contemple des merveilles en Ta Torah » (Psaume 119,18), c'est-à-dire, ce qui est sous le vêtement de la Torah.
Viens voir : il y a le vêtement qui se montre à tous et il y a les niais qui, à la vue d’un homme revêtu de son habit qui est sa partie la plus visible, ne voient pas plus en lui que cet habit. En fait, la valeur du vêtement, c’est le corps et la valeur du corps, c’est l’âme.
Il en est de même pour la Torah. Elle a un corps : ce corps est formé des préceptes de la Torah appelés Goufey Torah (les corps de la Torah). Ce corps est revêtu d’habits qui sont les récits qui se rapportent à ce monde.
Les niais de ce monde ne voient que le vêtement qui est le récit ; ils ne savent pas plus que cela, et ne méditent pas sur ce qui se trouve sous ce vêtement.
Ceux qui ont plus de connaissances ne s’arrêtent pas au vêtement mais voient aussi le corps sous le vêtement.
Les sages, serviteurs du Roi Très Haut, ceux qui se tenaient au pied de la montagne du Sinaï, ne méditent que sur l’âme qui est l’essentiel de tout cela, la Torah véritable. Au temps qui vient, ils seront prêts à pénétrer jusqu’à l’âme de l’âme de la Torah.
Heureux les justes qui méditent sur la Torah comme il se doit. Le vin ne peut se conserver que dans une cruche. De même la Torah ne se conserve que dans un vêtement. Tous les mots et tous les récits ne sont que des vêtements. »
Zohar (III 152 a), traduction d’Armand Abécassis – Pour un hors série du Point
Et j’ose citer les mots profonds de Roland Barth, (Conférence Parole de Dieu, Parole humaine in "Le nouveau monde de la Bible" cité dans Cahier n°7 de l'Université de St Jean de Jérusalem, Berg 1980)
« Que contient la Bible, de quelle maison est-elle la porte ? »
La Bible répond à tout Homme et à toute Époque qui posent cette question comme ils le méritent.
En elle nous trouvons toujours exactement ce que nous cherchons :
« Du grand et du divin, si nous cherchons le grand et le divin, du frivole et de l'historique si nous cherchons le frivole et l'historique et surtout rien si en définitive, nous n’y cherchons rien. » (Sam Eched)
Introduction
La Guematria est une méthode d’exégèse biblique établissant une correspondance entre les lettres, mots et versets de la Torah d’une part, et des nombres d’autre part ; comme telle, elle permet d’ouvrir de nouveaux horizons dans la compréhension du texte.
La Guematria est l’art sacré de la numérologie, une valeur est donnée à chaque lettre. Il faut toutefois noter qu’en hébreu les chiffres n’existant pas, les lettres servaient aussi à compter ; donc aucun besoin de transformer une lettre en nombre, comme le fait la numérologie moderne. La règle fondamentale de la Guematria est la suivante : « au sein d’un texte, deux mots de même valeur numérique se complètent et peuvent se remplacer mutuellement ». La Guematria est l’un des systèmes kabbalistiques d’interprétation parmi les plus importants. Tout se calcule, même les Noms divins et leur rapport avec les astres. Prenons un exemple :
« Les kabbalistes ont l’habitude de dire que le Tétragramme sacré YHVH, composé des lettres Yod, Hé, Vav, Hé, celle l’union du soleil et de la lune. En Kabbale, il ne suffit pas de le dire, il faut le prouver. Le cycle solaire débute sous le signe du Bélier et le cycle lunaire sous celui de la Balance. Le carré de la valeur numérique de la première moitié du Tétragramme est égal à 225 (c'est-à-dire Yod + Hé = 15 et 15 X 15 = 225). Le carré de la valeur numérique de sa seconde moitié est égal à 121 (soit Vav + Hé = 11 et 11 X 11 = 121).
Constellation de la Balance se dit en hébreu « mazal Moznayim » et la valeur de ce mot est égale à 225 (le terme s’écrit en hébreu avec les lettres Mem + Zeïn + Lamed + Mem + Aleph + Zeïn + Noun + Yod + Mem = 225).
Constellation du Bélier devient en hébreu « Mazal talé » (et s’écrit avec les lettres Mem + Zeïn + Lamed + Teith + Lamed + Hé = 121).
Ainsi pour les kabbalistes dans le Nom YHVH, YH correspond au cycle lunaire et VH à celui du soleil. Et c’est par ce Nom que les cycles des jours et des nuits sont régis.[1] »
Ceci est un exemple typique de ce qu’implique le travail de la Guematria.
Considérons un instant l'idée suivante : à chaque lettre de l'alphabet hébreu, nous associons une valeur numérique ; un peu comme les Romains comptaient en sachant que X valait 10 et C 100, et voyaient dans les lettres « CCX » notre équivalent de « 210 », chaque mot hébreu aura ainsi une valeur propre, résultant de la somme de la valeur individuelle de ses lettres.
Hormis les 5 formes finales des lettres Kaf, Mem, Noun, Peh et Tsade, dont le graphisme diffère lorsque la lettre est située en fin de mot, l'alphabet hébreu ne compte que 22 lettres, contre 26 pour l'alphabet français.
Un premier exemple
À quoi ce petit exercice peut-il bien nous mener ? Un exemple tiré de l'histoire d'Abraham, dans la Genèse, permettra tout à la fois de clarifier les choses et de servir de base à une première tentative d'analyse : à la suite d'une guerre, Loth, le neveu d'Abraham, fut fait prisonnier ; alors « Abram, ayant appris que son parent était prisonnier, arma ses fidèles, enfants de sa maison, trois cent dix-huit, et suivit la trace des ennemis jusqu'à Dan »[2] (Genèse 14, 14).
Le Talmud[3] (Nedarim 32a) s'étonne à juste titre de ce texte : bien qu'elle traite abondamment de la vie d'Abraham, jamais la Torah[4] ne nous avait mentionné qu'il eût un si grand nombre de serviteurs ! En fait, nous ne lui en connaissons vraiment qu'un seul, nommé Eliézer : « D.ieu-Eternel, que me donnerais-tu, alors que je m'en vais sans postérité, et que le fils adoptif de ma maison est un Damascénien, Eliézer ? Certes, disait Abram, tu ne m'as pas donné de postérité, et l'enfant de ma maison sera mon héritier » (Genèse 15, 2-3). Le parallélisme entre les deux textes, qui utilisent tous deux l'expression « enfant de la maison », est frappant.
Or, pour le Talmud, c'est bien cet unique serviteur, et lui seul, qui accompagna Abraham dans sa campagne militaire, à l'exclusion de tout autre soutien ; comment les Sages justifient-ils leur position, en apparence contraire au texte de la Torah, lequel - pour nous répéter - parle expressément d'une troupe de 318 personnes ? En fait, ils s'appuient précisément sur une analyse de la valeur numérique du nom Eliézer, qui s’écrit : Aleph (1) + Lamed (30) + Yod (10) + Ayin (70) + Zaïn (7) + Resh (200) = 318.
Merveilleuse convergence ! La Guematria d'Eliézer, nom du seul serviteur connu d'Abraham, correspond très exactement au nombre d'hommes que ce dernier est censé avoir emmenés en guerre !
Vous nous concéderez vraisemblablement que ce résultat est remarquable : après tout, on aurait pu s'attendre à ce que l'équivalent numérique du mot Eliézer atteigne n'importe quelle valeur entre 10 et 1000, grossièrement. Mais c'est pourtant bien le chiffre de 318, seul nombre significatif dans ce contexte donné, que l'on obtient par l'application des règles de la Guematria. D'où cette interrogation toute naturelle : quelle est la portée et la pertinence de ce type de correspondances ?
Allons un peu plus loin. Si nous considérons la signification du nom Eliézer, nous obtenons : « D.ieu aide », « D.ieu soutient », et nous pourrions comprendre que tout simplement Abram est allé délivrer Loth avec « l’aide de D.ieu ».
Trois tentatives d'explications différentes
En réalité, nous n'avons pas moins de trois façons distinctes d'expliquer l'occurrence de ce type de phénomènes, et la suite de notre analyse consistera pour une grande partie à essayer de déterminer laquelle se vérifie dans les faits. Sur les trois, les deux premières sont aisément compréhensibles - elles ont le mérite de ne pas rebuter le sceptique du début du 21ème siècle ; la troisième n'est mentionnée à ce stade que par souci d'exhaustivité :
- L'hypothèse la plus naturelle est celle qui fait intervenir le hasard : les concordances du type « Eliézer = 318 » ne seraient rien de plus que de simples coïncidences. Au fond, on peut raisonnablement s'attendre, avec un texte aussi long que l'est celui de la Torah (5 845 versets sur l'ensemble des 5 livres du Pentateuque, soit 304 805 lettres), à trouver tout ce que l'on voudra bien y voir, si l'on cherche avec suffisamment d'assiduité ; alors, que l'on utilise le système de calcul de la Guematria ou bien une autre méthode d'interprétation (quelle qu'elle soit), de simples considérations statistiques font que l'on découvrira toujours quelque chose. En d'autres termes, il s'agirait ici d'une claire application de la loi des grands nombres.
Cette conception des choses appelle toutefois deux remarques :
a) tout d'abord, on voit que la limite de ce raisonnement se situerait éventuellement dans le nombre de guematriot[5] « intéressantes » que l'on pourrait finalement trouver : à partir d'un certain nombre, croire au hasard deviendrait absurde !
A titre d'illustration, prenons l'exemple d'une pièce de monnaie lancée plusieurs fois de suite en l'air : si elle tombait deux fois sur face, il n'y aurait pas de quoi être surpris, la probabilité d'un tel résultat étant d'une chance sur quatre ; après 10 faces consécutives, le panorama apparaît sous un jour quelque peu différent : un esprit rationnel envisagerait sans doute la possibilité que la pièce en question soit truquée et ait deux côtés face. Et si la pièce était lancée 100 fois de suite, et qu'à chaque fois elle était retombée sur face, aucun être sensé ne l'accepterait en guise de paiement. Le hasard ne peut donc pas tout expliquer ; le problème est évidemment d'arriver à tracer une limite...
b) ensuite, il faut être bien conscient du fait qu'une coïncidence est une chose essentiellement subjective qui, souvent, n'existe que dans les yeux de l'observateur. Par exemple, un amateur d'astrologie cherchera inconsciemment à établir une correspondance entre les événements annoncés par son horoscope et ceux qui lui arrivent effectivement...
La capacité du cerveau humain de découvrir des structures, d'établir un ordre, est un outil précieux, mais potentiellement trompeur ; comme on ne croit finalement que ce que l'on a envie de croire, la tentation de trouver des preuves corroborant les hypothèses de départ est toujours forte. Cela étant dit, force est de constater qu'en toute objectivité, il est des cas qui peuvent garder un caractère hors norme, et cela en dépit d'un scepticisme de bon aloi : dans le cas cité ci-dessus d'une pièce jetée 100 fois de suite et qui retomberait à chaque fois sur face, tout le monde s'accorderait à dire qu'il s'agit là d'un bien curieux concours de circonstances. Donc, à partir d'un certain niveau de probabilité, le sens commun et la bonne foi exigent que l'on s'étonne.
2. Si par contre on ne veut pas faire intervenir le hasard comme facteur explicatif, c'est forcément pour admettre que l'auteur du texte avait décidé, dès le départ, que la valeur du mot Eliézer devait correspondre à 318. Rejeter le hasard équivaut à accepter un dessein, une volonté.
L'homme ou la femme qui a écrit la Torah a peut-être voulu inclure ce type d'allusions dans le texte pour surprendre ses futurs lecteurs, ou bien pour servir d'argument en faveur d'une origine divine de la Bible... Au fond, peu nous importe ici. Mais pour arriver à cette correspondance « Eliézer = 318 », l'auteur aura pu jouer sur 3 éléments :
a - Vraisemblablement, il aura choisi la taille de la troupe d'Abraham (318 personnes) en fonction de la valeur numérique du mot Eliézer ; c'est-à-dire qu'à partir de ce nom et de valeurs numériques définies a priori pour chaque lettre de l'alphabet, il aura trouvé la Guematria d'Eliézer, soit donc 318, et adapté le texte en conséquence. Si l'auteur avait voulu donner au serviteur d'Abraham le nom de Moïse (en hébreu Mem, Shin, Hé, nom valant 5+300+40=345), l'armée aurait été forte de 345 hommes, et ainsi de suite.
b - Mais notre auteur, qui était sans doute Juif, pouvait se rendre la vie un peu plus compliquée : en partant d'une valeur définie arbitrairement à 318, il a pu faire le calcul inverse, c'est-à-dire rechercher un nom correspondant à ce chiffre pour l'attribuer au serviteur d'Abraham ; si besoin était, il était bien sûr libre d'en inventer un. Par exemple, s'il avait voulu donner à Abraham une troupe de 317 hommes, le serviteur aurait pu s'appeler Liézer, en supprimant le Aleph valant 1.
c - Enfin, peut-être que notre auteur avait déjà terminé la rédaction complète de son texte, et ne voulait plus y toucher : il lui restait encore la possibilité de trouver des valeurs numériques judicieusement choisies pour chaque lettre, de manière à faire correspondre la valeur 318 à Eliézer. Ainsi, la Guematria d'Eliézer vaut également 318 dans l'hypothèse suivante : Aleph = 1, Lamed = 2, Yod = 3, Ayin = 4, Zaïn = 8, Resh = 300. Il y a une infinité de combinaisons parvenant à ce même résultat !
Synthétisons : nous sommes en présence d'une relation « mathématique » impliquant 3 facteurs :
(mot)*(valeur de chaque lettre) = valeur numérique |
Notre auteur aura pu jouer sur chacun de ces trois facteurs pour arriver à ses fins.
3 . Enfin, la troisième hypothèse, que nous disions ne mentionner que par souci d'exhaustivité, est celle qui correspond à l'intime conviction de tous les rabbins et des spécialistes de la Guematria au cours des siècles : le système marche, par la volonté de son auteur certes, mais non pas par celle d'un auteur humain : le texte de la Torah a été révélé par D.ieu aux Hébreux au Mont Sinaï...
C'est dans cette optique que se place un rabbin du Talmud, Rabbi Eliézer ben Rabbi Yossé, lorsqu'il nous présente la Guematria comme une des 32 règles utilisées pour interpréter la Torah.
En ce qui nous concerne, une conception aussi catégorique des choses présente un grand avantage mais aussi, pour être honnête, un énorme inconvénient :
- L'avantage est que D.ieu, supposé omnipotent et omniscient, n'est pas limité par des considérations d'ordre pratique : Il peut imbriquer dans le texte autant de niveaux de profondeur de sens qu'Il veut, sans se limiter au sens littéral. A l'extrême, le graphisme des lettres, leur sonorité et ainsi de suite - tout peut donner lieu à interprétation !
- Le revers de la médaille est que - précisément - il est coupé court à toute discussion. Nous entrons dans le domaine de la Foi, ce qui signifie sans doute que nous quittons celui de la Raison... Or, nous vivons dans une société éminemment rationnelle, modelée chaque jour un peu plus par la science, c'est-à-dire par les succès toujours répétés de l'esprit humain.
Croire ou ne pas croire est de manière générale devenu une question personnelle, qui ne doit normalement pas intervenir dans une analyse sérieuse, empreinte de rigueur, comme celle à laquelle nous nous essayons ici.
Sources et méthodologie
Une fois ces trois alternatives posées, sommes-nous beaucoup plus avancés ? Le seul exemple de Guematria dont nous disposons jusqu'à présent ne suffit pas encore à les départager ; il nous faut maintenant en examiner d'autres, de manière à nous donner la matière première qui sera à la base de notre réflexion.
Bon nombre de guematriot que nous allons exposer proviennent des deux grands commentaires classiques dans ce domaine, celui du Rokea'h[6] et celui du Baal Hatourim[7]. Mais revenons-en à ce qui nous intéresse ; nous avons écrit, tout au début, que la Guematria permettait d'arriver à des résultats surprenants : il est grand temps de prouver notre affirmation. Pour cela, des connaissances minimales de ce que sont la Torah et le Judaïsme seront nécessaires ; c'est donc pour un petit tour d'horizon de quelques concepts de base du Judaïsme que nous nous embarquons maintenant, avec un objectif clairement affiché : rechercher les guematriot entrant dans la catégorie des objectivement surprenantes, de manière à pouvoir trancher.
Le Maître et son enseignement
En fait, qu'est-ce que la Torah ? Essentiellement, c'est un recueil de préceptes ; le Christianisme a perçu le Judaïsme comme étant la religion de la Loi, et cette opinion n'est pas complètement infondée dans les faits : ce ne sont pas moins de 613 Commandements, appelés en hébreu « Mitsvot », que les Rabbins ont dénombrés en lisant la Bible. Le plus célèbre codificateur juif du Moyen-Âge, Maïmonide[8], les recensa systématiquement un par un dans sa monumentale synthèse de la loi juive, le « Michné Torah ».
Non seulement Maïmonide les énuméra tous, mais encore il précisa, pour chacun d'entre eux, les conditions de sa mise en œuvre. Vécus au quotidien, les 613 mitsvot définissent la spécificité d'Israël (le peuple juif), et ce depuis qu'ils lui ont été révélés au Mont Sinaï et pendant les 40 années de désert, par l'intermédiaire de Moïse[9]. Ce dernier a dès lors joui d'une place privilégiée dans toutes les générations qui ont suivi : maître spirituel incontesté de l'ensemble du peuple, il n'est jamais mentionné que par l'expression déférente « Moché Rabeinou », « notre Maître Moïse »...
Quelle est la Guematria de cette expression, si couramment utilisée, de « Moché Rabeinou » ? Nous avons donc : Mem (40) + Shin (300) + Hé (5) + Resh (200) + Beith (2) + Yod (10) + Noun (50) + Vav (6) = 613
De manière tout à fait remarquable, la valeur numérique de Moïse, le Maître par excellence, correspond au nombre d'enseignements qui ont été transmis, par lui, au peuple d'Israël !
Et à nouveau, nous pouvons constater ici une surprenante convergence : dans ce contexte, 613 était bel et bien le seul chiffre significatif.
Creusons maintenant un peu plus profondément : de quoi traitent donc ces 613 mitsvot ? Réponse : d'absolument tout. Prises dans leur ensemble, les mitsvot définissent un cadre de vie, une ligne directrice applicable dans chaque situation possible ; une classification usuelle consiste à les subdiviser entre celles qui s'appliquent dans la relation entre l'homme et son prochain (dites « Ben Adam La'havero », comme par exemple l'interdiction du vol) et celles qui réglementent la relation entre l'homme et D.ieu (appelées « Ben Adam Lamakom », comme par exemple la prohibition de l'idolâtrie).
Une mitsva en particulier a toutefois un statut tout à fait spécial : chronologiquement, le premier commandement qu'accomplit - sans qu'on lui demande son avis ! - tout mâle Juif est celui de la circoncision, à l'âge de 8 jours. Avant cela, il n'existe pour ainsi dire pas en tant que Juif, et n'a dans bien des communautés même pas reçu de nom ! Après, il lui est possible de pratiquer les mitsvot, au fur et à mesure de son développement physique et psychique.
La circoncision est appelée « Brith Mila » en hébreu, ou plus simplement « Brith » ("Alliance" - en référence à l'usage de ce terme dans l'épisode de la Genèse 17, 9-14). La Guematria de ce mot est tout simplement fascinante :
Brith Mila = Beith (2) + Resh (200) + Yod (10) + Tav (400) = 612
Le nombre 612 illustre parfaitement ce qu'est la circoncision : une condition sine qua non, la mitsva préalable à l'exécution des 612 autres !
En pratique, selon quel procédé les Hébreux ont-ils eu connaissance des 613 mitsvot ? La réponse à cette question est nuancée : en règle générale, D.ieu s'adressait à Moïse dans la « Tente d'Assignation », et Moïse jouait le rôle de relais vis-à-vis du peuple (Exode 33, 7).
Toutefois, il y eut une exception historique de taille : une fois - et une seule ! - D.ieu s'adressa directement à l'ensemble du peuple ; au Mont Sinaï, chaque Juif entendit personnellement l'énoncé des « Asseret HaDiberot », les Dix Paroles (Deutéronome 5, 6-18).
Mais les Hébreux entendirent-ils vraiment l'ensemble des 10 Commandements ? Le Talmud le conteste : si intense était la Révélation qu'ils ne purent la supporter ; après le 2ème Commandement, ils appointèrent Moïse comme intermédiaire, avec pour charge d'entendre les paroles de D.ieu et de les leur rapporter.
Cette interprétation rabbinique se fonde sur - au moins - deux supports textuels clairs :
- Tout d'abord, Moïse relate très explicitement : « Moi, je me tenais, en ce temps-là, entre l'Éternel et vous, pour vous exposer la parole de l'Éternel, parce que, terrifiés par la flamme, vous n'approchâtes point de la montagne » ainsi que « Or, quand vous eûtes entendu cette voix sortir du sein des ténèbres, tandis que la montagne était en feu, vous vîntes tous à moi, les chefs de vos tribus et de vos anciens, en disant : ‘’ Certes, l'Éternel, notre D.ieu, nous a révélé sa gloire et sa grandeur, et nous avons entendu sa voix du milieu de la flamme : nous avons vu aujourd'hui D.ieu parler à l'homme et celui-ci vivre ! Mais désormais, pourquoi nous exposer à mourir, consumés par cette grande flamme ? Si nous entendons une fois de plus la voix de l'Éternel, notre D.ieu, nous sommes morts. Car est-il une seule créature qui ait entendu, comme nous, la voix du D.ieu vivant parler du milieu du feu, et soit demeurée vivante ? Va toi-même et écoute tout ce que dira l'Éternel, notre D.ieu ; et c'est toi qui nous rapporteras tout ce que l'Éternel, notre D.ieu, t'aura dit, et nous l'entendrons, et nous obéirons.’’ » (Deutéronome 5, 5 et 5, 20-24).
- Ensuite, la façon de s'exprimer dans les 2 premiers Commandements n'est pas la même que celle dans les 8 derniers. Dans le premier cas, l'orateur s'identifie avec la divinité (« Je suis l'Éternel, ton D.ieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, d'une maison d'esclavage » (1er Commandement), « Tu n'auras point d'autre D.ieu que moi... » (2ème Commandement)), alors que dans le troisième il en parle comme d'un tiers (« Tu n'invoqueras point le nom de l'Eternel, ton D.ieu, à l'appui du mensonge... » (3ème Commandement) ; « Observe le jour du Sabbat pour le sanctifier, comme te l'a prescrit l'Éternel, ton D.ieu. Durant six jours tu travailleras... » (4ème Commandement)[10] ; etc.).
De manière fascinante, l'expression "et c'est toi qui (...) rapporteras" - en hébreu « VeAt Tedaber[11] » -, citée juste au-dessus dans le verset qui prouve l'intervention de Moïse, est numériquement égale aux mots « Chemona Diberot » : Huit Paroles ! (Baal Hatourim)
« Et c’est toi qui rapportera » « VeAt Tedaber » = Vav (6) + Aleph (1) + Tav (400) + Tav (400) + Daleth (4) + Beith (2) + Resh (200) = 1013
« Huit Paroles » ‘Chemona Diberot » = Shin (300) + Mem (40) + Vav (6) + Noun (50) + Hé (5) + Daleth (4) + Beith (2) + Resh (200) + Vav (6) + Tav (400) = 1013
Ainsi, seules 2 mitsvot ont été entendues directement, alors que les 611 autres ont été transmises par l'organe de Moïse ; ceci jette un éclairage tout à fait étonnant sur le verset cité plus haut ; « Torah Tsiva Lanou Moshé », « Moïse nous a ordonné la Torah » :
Torah = Tav (400) + Vav (6) + Resh (200) + Hé (5) = 611
Avec une guematria de « Torah » valant 611, le verset veut précisément dire que Moïse n'a transmis « que » 611 mitsvot, à l'exclusion des 2 entendues directement !!! (Makkot 24a[12])
L'Amour de l'Autre
Nous avons déjà eu l'occasion de mentionner que certaines mitsvot s'appliquent dans les relations entre hommes (Ben Adam La'havero) tandis que d'autres posent des obligations quant à la relation de l'homme vis-à-vis de son Créateur (Ben Adam Lamakom) ; cette classification se retrouve d'ailleurs dans les 10 Commandements, qui se subdivisent en 2 Tables de 5 Commandements chacune, les 5 premiers étant Ben Adam Lamakom alors que les 5 derniers sont Ben Adam La'havero.
Un passage précis est un excellent résumé de la philosophie des mitsvot Ben Adam La'havero ; le verset le plus cité de toute la Torah - et dont la paternité est souvent faussement attribuée à Jésus - précise que « tu aimeras ton prochain comme toi-même : je suis l'Éternel » « Veahavta Lere'ekha Camokha, Ani HaShem » - Lévitique 19, 18.
Le dernier membre de phrase, trop souvent omis, fonde la source de toute obligation sociale dans l'existence de D.ieu.
Les mitsvot Ben Adam Lamakom ont elles aussi un verset topique : le Chema, la prière la plus fondamentale du Judaïsme, que chaque Juif pratiquant récite au moins deux fois par jour, débute par cette touchante profession de foi : « Tu aimeras l'Éternel ton D.ieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de tout ton pouvoir » « Veahavta èt HaChem Elokeikha, bekol Lèvavekha, ouvekol Nafchekha, ouvekol Méodekha » - Deutéronome 6, 5.
Ces deux textes sont très semblables sur le plan des idées : l'homme ne peut parvenir à une relation harmonieuse avec l'Autre qu'à la seule condition d'être capable de dépasser son ego pour arriver à vraiment aimer l'Autre, par-delà la différence.
Et cette similitude se retrouve sur le plan de la Guematria :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même, je suis l’éternel =
Veahavta = Vav (6) + Aleph (1) + Hé (5) + Beith (2) + Tav (400) = 414
Lere'ekha = Lamed (30) + Resh (200) + Ayin (70) + Kaph (20) = 320
Camokha = Kaph (20) + Mem (40) + Vav (6) + Kaph (20) = 86
Ani = Aleph (1) + Noun (50) + Yod (10) = 61
HaChem = Yod Hé Vav Hé = 10 + 5 + 6 +5 = 26
414 + 320 + 86 + 61 + 26 = 907
Tu aimeras l'Éternel ton D.ieu, …[13]
Veahavta =nous l’avons vu = 414
Èt = Aleph (1) + Tav (400) = 401
HaShem = Yod Hé Vav Hé = 26
Eloheikha = Aleph (1) + Lamed (30) + Hé (5) + Yod (10) + Kaph (20) = 66
414 + 401 + 26 + 66 = 907
Cette égalité a pour corollaire un message d'une grande profondeur : les deux types d'interactions que l'homme peut avoir dans sa vie sont aussi importantes l'une que l'autre, et aucune ne saurait être négligée au bénéfice de l'autre ; toutes deux sont nécessaires au plein épanouissement moral de l'homme.
L'Essence d'un Peuple
Israël, avons-nous écrit, se définit par sa pratique des mitsvot ; c'est sa spécificité, ce qui le distingue des autres peuples de la Terre. La Guematria nous permet-elle une fois encore de le constater ? Jugeons-en plutôt:
Israël = Yod (10) + Shin (300) + Resh (200) + Aleph (1) + Lamed (30) = 541
Ha Mitsvot = Hé (5) + Mem (40) + Tsadé (90) + Vav (6) + Tav (400) = 541
Ne pas pratiquer les mitsvot, c'est toujours pour un Juif se renier un peu...
Un lieu saint pour l'éternité
Le Grand Prêtre accomplissait ses fonctions dans le Temple, donc à Jérusalem. D'après les commentaires rabbiniques (Rachi[14] sur Genèse 28, 17), le Temple fut construit à l'endroit précis où Jacob avait eu son fameux rêve de l'échelle montant jusqu'au ciel.
Ayant perçu le statut tout particulier de la place, celui-ci s'exclama à son réveil : « Assurément, l'Éternel est présent en ce lieu ! » « Yech HaShem Bamakom Hazeh ». Remarquons au passage que cette expression « L'Éternel est présent en ce lieu » vaut 541, soit très exactement la même valeur que le mot Israël.
Mais c'est plus largement toute la ville de Jérusalem qui avait le statut de lieu saint, statut qu'elle a conservé à travers les millénaires, et qui lui est d'ailleurs toujours reconnu par les trois grandes religions monothéistes, dans une superbe unanimité.
Or, la langue hébraïque permet de constater cela au premier coup d'œil :
Jérusalem = Yod (10) + Resh (200) + Vav (6) + Shin (300) + Lamed (30) + Yod (10) + Mem (40) = 596
Lieu Saint = Makom Kadosh = Mem (40) + Qoph (100) + Vav (6) + Mem (40) + Qoph (100) + Vav (6) + Shin (300) = 596
Jacob - Israël
Revenons à Jacob ; pour passer du nom de Jacob à celui d’Israël, deux dimensions supplémentaires sont requises : celle de David qui incarne la souveraineté politique sur le pays, et celle de Moïse qui révèlera la Thora à Israël. Or, la valeur numérique du nom de Jacob est : Yod (10) + Ayin (70) + Qoph (100) + Beith (2) =182 ; celle de David est de Daleth (4) + Vav (6) + Daleth (4) = 14 ; celle de Moïse nous allons le voir plus loin est de 345 ; ensemble, ces trois nombres donnent la somme de 541, qui est la valeur numérique du mot Israël, comme nous venons de le voir. On comprendra aisément les implications de cet enseignement pour les problèmes d’identité propres à notre génération, qui est celle du retour de l’exil.
Noms de D.ieu !
Nous allons examiner maintenant deux Noms de D.ieu.
La première fois que D.ieu donne son Nom c’est à notre Père Abraham ; il lui dit : « Je suis El Shaddaï » : Aleph (1) + Lamed (30) + Shin (300) + Daleth (4) + Yod (10) = 345.
Le Nom, Ha Shem, s’écrit : Hé (5) + Shin (300) + Mem (40) et vaut 345.
Lorsque Moshe, anagramme du mot Ha Shem dont valant également 345, s’approche du Buisson Ardent, D.ieu lui apparut dans « un miroir flamboyant ».
Au verset 14, à la demande de Moïse : « Quel est ton Nom ? » D.ieu répond : « Eheyeh Asher Eheyeh » « Je serai celui qui sera » ou en langage actuel « Je serai pour vous celui que vous en ferez », car se verset en hébreu biblique est un futur, donc toujours à accomplir par l’homme qu’il interpelle….. Lorsque Moïse voit le Buisson Ardent il dit : « Allons voir cette vision (Ha Mareh). Mais comme ce mot n’a pas de voyelles, on peut tout aussi bien lire « Ha Marah ». En ce cas Moïse dirait : « Allons voir dans ce miroir » ; et ce miroir lui répond, à la question : « Qui es-tu ? » : Eheyeh Asher Eheyeh, dont la valeur guematrique est de 543, nombre miroir de 345.
Est-ce un hasard ? Le hasard n’existe pas…. ni dans le judaïsme, ni surtout pour la Guematria, car comme nous allons le voir, le hasard c’est D.ieu qui agit « incognito » dans ce monde.
En effet le hasard en hébreu se dit Mikreh (Mem (40) + Qoph (100) + Resh (200) + Hé (5) et sa valeur guematrique est de 345.
Continuons avec le nombre 345 qui m’interpelle particulièrement, et voyons une autre histoire :
Moshé (345) a amené au peuple juif, son livre, hasepher (Hé (5) + Samekh (60) + Phé (80) + Resh (200) = 345), que l’on doit lire par l’histoire, hasipour ( Hé (5) + Samekh (60) + Phé (80) + Resh (200) = 345), et interpréter par les nombres, hasephar ( Hé (5) + Samekh (60) + Phé (80) + Resh (200) = 345). On peut dire ainsi, que : « Le Saint Béni Soit-Il, a donné à Moïse (345), le Livre (345) du peuple juif, que l’on doit lire par l’histoire (345), et interpréter par les nombres (345).
Pour en finir avec ce nombre, j’ajoute que Genèse 6-3 nous raconte, que l’Éternel dit :
« Mon esprit n’animera plus l’homme pendant une longue durée, car lui aussi est de chair, ses jours seront de cent vingt ans ». De chair, bechagam = Beith (2) + Shin (300) + Guimel (3) + Mem (40) = 345.
Le Sel et le Pain
En hébreu Sel se dit Melakh soit Mem (40) + Lamed (30) + Heith (8) = 78
Le Pain se dit Lekhem il s’écrit avec les mêmes lettres et vaut également = 78
Adonaï Ekhad, D.ieu est Un, vaut également 78 en effet :
Adonaï = Aleph (1) + Daleth (4) + Noun (50) + Yod (10) = 65
Ekhad = Aleph (1) + Heith (8) + Daleth (4) = 13
65 + 13 = 78 [15]
On pourrait donc dire que le sel et le pain sont une seule et même chose, ou plus précisément qu’ils sont de même essence, et par extension, que le « D.ieu Un » est le sel et le pain de la vie, ou que D.ieu, le sel et le pain sont proches par leur portée spirituelle, ou encore que le sel et le pain sont une partie de ce qui nous est donné à voir (à savoir) de l’unicité de D.ieu ou encore……
L’homme et la Femme
Adam = Alpeh (1) + Daleth (4) + Mem (40) = 45 - Ève = Heith (8) + Vav (6) + He (5) = 19. D'Ève à Adam, la différence est 26 et 26 est la valeur numérique de Tétragramme sacré.
Le mot Père, AV vaut 3 soit Aleph (1) + Beith (2) ; le mot Mère, AM/EM vaut 41 soit Aleph (1) + Mem (40). 3 + 41 = 44. Le mot Enfant, Yeled, vaut 44.
Autres méthodes de calcul
Ceux qui s'intéressent au système de la Guematria le savent : bien que la méthode que nous ayons toujours employée jusqu'ici soit la forme de base, de très loin prédominante, il existe encore quelques variantes ; nous en présentons succinctement quelques unes ici :
1. Im HaKollel : Le Kollel est un rajout à la valeur usuelle (raguil). Il y a quatre façons d’ajouter le kollel :
A – Au mispar gadol du mot, on rajoute 1 pour le mot : ékhad = (1+8+4) + 1 = 14
B – Au mispar gadol du mot, on rajoute le nombre de lettres constituant le mot, ainsi : ékhad devient (1+8+4) + 3 = 16
C – Au mispar gadol d’une phrase, on rajoute le nombre de mots : ahavah ékhad = (5+2+5+1) + (1+8+4) + 2 = 28
D – Au mispar gadol d’une phrase, on rajoute le nombre de lettres : ahavah ékhad = (5+2+5+1) + (1+8+4) + 7 = 33
2. Millouï (valeur pleine) ou Pashout Oumalé : dans cette variante, chaque lettre se voit attribuer la valeur qui est celle du nom de la lettre ; par exemple, la première lettre de l'alphabet hébreu, Aleph, s'écrit en toutes lettres Aleph (1) + Lamed (30) + Phé (80) = 111. Selon cette méthode le Aleph vaudra donc 111.
3. Merouba Haklali : Cette valeur correspond à la mise au carré du mispar gadol ; ékhad = 1 + 8 + 4 = 13² = 169.
4. Merouba Haprati : il s’agit également d’une mise au carré, mais cette fois, il s’agit des nombres usuels de chaque lettre ; ekhad = 1 + 8 + 4 = 1² + 8² + 4² = 81.
5. Nistar (valeur cachée) : cette méthode, proche de la précédente, s'intéresse à la partie du nom de chaque lettre qui n'est pas apparente quand on écrit cette lettre. La différence entre la lettre Aleph écrite et le mot sous-entendu se compose des deux lettres Lamed et Phé, et ainsi la valeur cachée de la lettre Aleph sera de 110.
6. Mispar Gadol : C’est la valeur traditionnelle, celle que nous utilisons dans ce travail, celle qui a ma préférence, la valeur des lettres correspond au tableau de la page 2. Mispar Gadol signifie « grande valeur », on l’appelle aussi Mispar raguil, ou encore hashone tibah. En voici quelques exemples :
Exemple 1 : Ekhad (unité) = 1 + 8 + 4 = 13
Exemple 2 : Le texte du songe de Jacob parle d’une échelle « soulam », sa valeur est donc égale à 136 (60 + 6 + 30 +40) et équivalente à « qol », la voix. Ainsi c’est par sa voix et sa prière que Jacob pouvait dresser cette échelle. La Guematria sert donc à changer le niveau de lecture du texte en lui donnant une autre dimension, mais ceci ne se limite pas uniquement à des mots, on peut se servir de phrases entières, cela s’appelle alors « Hasbone Passouq », « compte du verset ».
Exemple 3 : Le mot « soulam » peut être intégré dans une phrase : Jacob vit une « échelle dressée » (soulam moutsav). Cette expression a pour valeur numérique 268, qui est aussi celle de « merqavo » (son char), ce qui nous ramène à la mystique de la Merqavah et de la contemplation du visage de D.ieu. D’ailleurs soulam, s’écrit ici sans Vav, ce qui lui donne la valeur de 130, identique à celle de Sinaï.
Exemple 4 : La valeur des deux premiers mots du premier verset de la Genèse, Beréshit bara est 1 116, qui est aussi la valeur de bérosh hashana nivra « a été créé le jour de Rosh haShanah ». Ces phrases, de même valeur, commencent par les mêmes lettres et finissent par les mêmes lettres. Rosh haShanah se produit au premier jour du mois de Tishri, il se trouve que le premier mot de la Genèse (Beréshit), peut se permuter en 1 betishri (Aleph betishri) « le premier de Tishri ».
Certains kabbalistes se servent uniquement de ce système qui, il est vrai, est très suffisant.
7. Mispar Qatan : Signifie « petite valeur », il s’agit d’une méthode de simplification numérique qui supprime les dizaines et les centaines pour ramener à l’unité, dans un nombre compris entre 1 et 9. Par exemple Resh vaut 200, il se réduit à 2, Mem vaut 40, il se réduit à 4.
Exemple : Beréshit (au commencement), 2 + 2 + 1 + 3 + 1 + 4 = 13, alors qu’il vaut : 2 + 200 + 1 + 300 + 10 + 400 = 913 par son mispar gadol ; ceci établit un lien avec les mots éhad (un) et ahavah (amour) dont les grandes et petites valeurs sont égales à 13. Ainsi, le commentateur pourra conclure que la Beréshit est de même nature que l’Amour et l’Unité de D.ieu.
8. Mispar Sidouri : C’est la valeur par rang ou ordinale, chaque lettre prend la valeur du numéro de sa place. Ainsi, le Vav est la sixième lettre, sa valeur reste 6, Mem est à la treizième place et prend la valeur 13, Qoph est à la dix-neuvième place et prend la valeur 19. Cette méthode est parfois contestée, car elle ne dérive pas des valeurs usuelles et demande une conversion numérologique.
Exemple : Beréshit (au commencement) = 2 + 20 + 1 + 21 + 10 +22 = 76
Et d’autres ………..
Conclusion
Nous avons maintenant la conviction qu’aucun homme n’a pu créer la Guematria, et cela quel que soit le moyen qu’il aurait pu choisir.
Il nous reste ainsi le choix entre deux possibilités :
- Nous pouvons en conclure que Dame Fortune fait apparemment bien les choses en ce monde et ne plus y penser.
- Où alors, si nous ne croyons pas aux coïncidences, nous pouvons y déceler comme une volonté de transmettre des messages d’une grande profondeur, et commencer à étudier.
Mais cela est un autre voyage, assez long qu’il n’est pas aisé d’entreprendre seul.
Cependant il y aura toujours autour de nous des gens de bonne volonté pour nous y aider, selon le précepte que « quand l’élève est prêt, le Maître se présente ».
[1] Cf : Lumières sur la Kabbale – VIRYA – Éditions Jeanne Laffitte
[2] Les traductions françaises reproduites dans le cadre de cet essai sont généralement extraites de "La Bible - Traduction du Rabbinat Français", sous la direction du Grand Rabbin ZADOC KAHN, Librairie Colbo, Paris; occasionnellement, nous avons ressenti le besoin de rester un peu plus près du sens littéral du texte hébreu.
[3] Corpus des enseignements de la Loi Orale, qui vient compléter et expliciter la Loi Écrite. Pour être exact, il en existe deux: le Talmud de Babylone et le Talmud de Jérusalem. Nous nous référons toujours ici au Talmud de Babylone.
[4] Le terme « Torah » a deux acceptions: soit il désigne l'ensemble de la Loi Écrite et de la Loi Orale, soit - comme c'est le cas ici - plus spécifiquement la Loi Écrite. Celle-ci correspond grosso modo à l'Ancien Testament de la Bible chrétienne, avec une division tripartite: 1°) Le Pentateuque, 2°) Les Prophètes et 3°) Les Hagiographes.
[5] Pluriel hébreu de "Guematria".
[6] Rabbi Eléazar ben Yehoudah de Worms, 1165 environ - 1230 environ
[7] Rabbi Yaakov ben Acher, 1270 environ - 1340.
[8] Rabbi Moïse ben Maïmon, 1135 - 1204.
[9] Un verset des plus célèbres, chanté lors de chaque occasion joyeuse, commence par ces mots: « Torah Tsiva Lanou Moché », « Moïse nous a ordonné la Torah » (Deutéronome 33,4).
[10] Pourquoi ne pas respecter la cohérence du texte et écrire « tu n'invoqueras pas mon nom à l'appui du mensonge... » et « ...comme je te l'ai prescrit » ???
[11] Le mot « nous » n'est intercalé au milieu que dans la traduction française.
[12] Ceci n'est bien sûr pas en contradiction avec ce que nous avions dit ci-dessus (cf. Moché Rabeinou = 613), à savoir que Moïse a enseigné l'ensemble des 613 mitsvot aux Hébreux: bien que ceux-ci aient entendu D.ieu lors des 2 premiers Commandements, ils avaient encore besoin des explications de Moïse quant aux modalités de leur application; c'est tout l'intérêt de la Loi Orale, que Moïse avait dans sa tête en descendant de son séjour de 40 jours au sommet du Mont Sinaï.
[13] La 2ème partie du verset « … de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir » indique comment mettre en pratique l’objectif du début du verset. C’est ainsi que le « Cœur » fait référence d’après le Talmud (Taanit 2a) à la prière et ainsi de suite.
[14] Rabbi Chlomo Yts'haki, 1040 - 1105, le plus éminent des commentateurs de la Torah.
[15] Il est à noter que tous ces nombres sont des multiple de 13 = Ekhad