A la gloire et sous la protection du Très Haut

Judaïsme libéral et B’nai B’rtih : tabou ou ignorance ?

Un peu d’histoire

Le judaïsme libéral : une tradition d’innovation

(D’après un texte du rabbin Pauline Bebe)

 « Je suis juif parce que la parole d’Israël est la plus ancienne et la plus nouvelle »

     Edmond Fleg

Le Judaïsme a toujours su innover Abraham a affirmé l’existence d’un Dieu Un et unique, créateur de l’univers.

Moïse, puis les Prophètes ont affirmé la liberté et la responsabilité individuelles, la loi et l’éthique comme principes fondamentaux de la société.

Plus tard, prenant en compte la destruction du Temple, les Prophètes et les Rabbins ont affirmé que la prière, l’étude et la justice sociale remplaçaient les sacrifices.

Lorsque l’interdiction de mettre par écrit d’autres paroles que celles de la Torah risquait de mettre fin à l’existence du peuple juif, les Rabbins ont passé outre cet interdit pour assurer la pérennité juive.

Ainsi, au cours des nombreux siècles de l’élaboration des recueils du Talmud et des ouvrages rabbiniques, l’énoncé des mitsvot a reflété les nécessités du temps. Mais dans la société du ghetto, le judaïsme s’est figé.

Au 19è siècle, pour lutter contre l’assimilation des juifs, conséquence de l’ouverture des portes du ghetto, le Judaïsme Libéral a repris le flambeau de la tradition novatrice du Judaïsme afin d’assurer un avenir possible au peuple juif.

Il a repris la liberté des Maîtres du Talmud, assumant ainsi la tradition rabbinique dans son essence.

C’est pourquoi :

Le Judaïsme Libéral affirme que Dieu est la source de l’existence. De l’Alliance scellée entre Dieu et le peuple juif découle la responsabilité de chaque membre du peuple d’Israël d’être porteur du message divin.

Le Judaïsme Libéral affirme que Dieu s’est dévoilé depuis Abraham, révélé à Moïse, aux Prophètes, aux Prophétesses et aux Maîtres, qui, jusqu’à nos jours, ont donné corps, par leurs paroles, leurs écrits et leurs actes, à la Tradition juive.

Le Judaïsme Libéral affirme que cette Tradition est évolutive. Comme par le passé, elle doit rester ouverte au monde, prendre en compte la raison et l’éthique actuelles et poursuivre son évolution.

Le Judaïsme Libéral affirme que l’accomplissement des mitsvot permet à chacun de faire pénétrer une dimension de sainteté à l’intérieur de son foyer, au sein de la communauté et dans le monde.

Le Judaïsme Libéral cherche à mettre en évidence l’esprit qui sous-tend ces mitsvot et à redéfinir leur mode d’application en fonction du monde actuel.

Le Judaïsme Libéral rappelle l’importance des mitsvot concernant la vie quotidienne, le Chabbat et les jours de fête.

Le Judaïsme Libéral insiste sur les rites de passage qui jalonnent la vie de chacun : naissance, Berit-Milah et Berit-Ledah, Bar-Mitsvah et Bat-Mitsvah, mariage et rite de deuil.

Le Judaïsme Libéral rappelle le rôle primordial du foyer juif, lieu de transmission et de vie religieuse.

Le Judaïsme Libéral constate que le livre de prières a évolué à travers les siècles pour devenir et rester l’expression de la conscience juive. Ce rituel, oeuvre humaine par excellence, doit donc exprimer la spiritualité contemporaine, dans une recherche continue de la cohérence entre la pensée, les paroles et les actes.

Le Judaïsme Libéral constate l’évolution de la Halakhah concernant, en particulier, les questions de filiation, de statut religieux et social et d’intégration. S’attachant à déterminer l’application de la Halakhah pour le monde d’aujourd’hui, il définit ces questions dans une approche inclusive.

En conséquence :

Il a annulé les statuts de mamzerout et d’infériorité de certaines catégories de personnes,

Il accorde aux hommes et aux femmes les mêmes droits et les mêmes devoirs,

Il considère de façon bienveillante la demande de conversion de celles et ceux qui désirent s’intégrer au peuple d’Israël et la demande de confirmation de judéité de celles et ceux dont un des parents est Juif et qui ont reçu une éducation juive.

Le Judaïsme Libéral considère que la synagogue est un lieu essentiel d’affirmation et de transmission de notre Tradition. Il insiste sur la nécessité de l’étude et sur l’importance de la connaissance qui seules, favorisent une évolution cohérente, continue et un enracinement positif dans les valeurs juives.

Le Judaïsme Libéral considère que tout Juif vivant hors du pays d’Israël doit être concerné par le bien-être de ses frères et sœurs qui ont choisi de s’y établir. Il affirme qu’il est du devoir de chacun de suivre l’évolution de la société israélienne. Il insiste sur le nécessaire dialogue égalitaire entre Israël et les communautés juives hors d’Israël, afin que l’identité propre de chacun soit renforcée. Il rappelle que l’Alyah reste une option individuelle.

Le Judaïsme Libéral considère comme blasphématoire le fait de penser la Shoah comme une punition divine. Le devoir de mémoire qui nous incombe doit nous amener à lutter contre toute forme d’indifférence face à l’oppression et à l’exclusion, y compris au sein des communautés juives.

Le Judaïsme Libéral insiste sur la notion de Tsedakah (action sociale et entraide) qui doit s’appliquer non seulement au sein de la communauté juive, mais également à l’égard de toute la société.

Le Judaïsme Libéral est attaché au principe de Tikkoun Olam (rédemption du monde) et affirme que chacun doit agir pour la rédemption du monde et l’avènement de l’ère messianique.

« Le judaïsme libéral est donc engagé à maintenir un Judaïsme vivant qui permette à toute Juive et à tout Juif d’affirmer son identité envers Kelal Israël (l’ensemble du peuple juif) et envers la création divine, à travers une expression religieuse fondée sur une tradition millénaire en constante évolution. »

Le mouvement libéral pourrait être simplement une expression particulière du judaïsme. Mais parce que ces conversions ne sont pas reconnues par le consistoire central, il nous renvoie à l’éternelle question : qui est juif ? 

Je vous propose de ne pas faire l’économie de ce questionnement et de lancer le débat dans le contexte particulier du B’nai b’rith.

Les juifs libéraux ont-ils leur place au B’nai B’rith ?

Cette question peut paraitre saugrenue voir archaïque et pourtant certaines loges refusent d’intégrer des juifs libéraux au motif que cela serait mal vécu par certains membres et risquerait de compromettre l’équilibre de la loge.(sic)

 Cet exemple illustre que l’admission des juifs libéraux est soumise au bon vouloir des loges et de leurs membres et repose la question de savoir si les membres de ce courant sont juifs de plein droit ou de seconde zone ?

 Et surtout, doit on accepter, en tant que membre du BB qu’au sein de notre institution s’installe l’iniquité de traitement, et que la même personne soit considéré comme juive par une loge à Paris et pas en province ?

Enfin, est ce aux loges de décider qui est juif ?      

Afin de poser les bases de notre réflexion, je  rappellerai les points suivants :

• Le monde juif n’a pas de réponse homogène à cette question.

Pour les juif orthodoxes : est juif toute personne née d’une mère juive ou dont la conversion est reconnue par le consistoire.

Pour le judaïsme libéral : est juif celui dont la mère est juive et celui dont les petits enfants sont juifs, s’appuyant ainsi sur des valeurs de transmission et de responsabilité. Il facilite le processus de conversion et propose aux personnes qui de définissent comme juive et dont seul le père est juif, un processus de « confirmation de leur judaïsme »

Pour l’état d’Israël : est juif toute personne née d’une mère juive ou convertie au judaïsme suivant le rite libéral ou orthodoxe. Certaines communautés non reconnues par les orthodoxes ont également été spécifiquement reconnues comme juives : les samaritains et les karaïtes  

Enfin pour les associations de juifs laïques, est juif celui qui se présente comme juif, même sans croyance religieuse.

Afin de prendre en compte le positionnement des institutions juives de France, il faut savoir que depuis 1999 un représentant de l’ULIF est élu au bureau directeur du CRIF et que conscient du rôle qu’il doit jouer au sein du judaïsme français, le mouvement libéral participe activement aux actions et entretien des relations suivies avec : le CASIP, le FSJU, l’OSE, le KKL.

•  Le B’nai B’rith  est clair

Il inscrit  dans le site officiel «  L’essentiel est de toujours mettre l’accent sur le fait que le B’nai B’rith est une organisation multi communautaire qui accueille les juifs de tous les secteurs de la communauté ». A titre d’exemple, sur ce même site, la loge Augustin Keller, plus vieille loge d’Europe implantée à Zurich, précise que ses 205 membres  sont recrutés dans les 3 différentes communautés de Zurich (Orthodoxe, Conservative et Libérale). 

Chers frères et sœurs,

Je laisse maintenant la parole, afin que vous puissiez faire vivre ce sujet et l’enrichir de vos réflexions.

J’ai dit.

Laurence CHELLI  le 18/02/2011